Considéré
comme une étude préparatoire subordonnée à l’œuvre finale, le dessin a
longtemps été un objet de collection réservé aux artistes et à quelques
connaisseurs. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, ce regard
porté sur le dessin évolue indéniablement. En prenant appui sur diverses
sources (inventaires après décès, catalogues de ventes, presse
périodique, correspondances, livrets et critiques d’expositions…), cette
étude tente de déterminer quels facteurs contribuent à l’émergence de
ce goût et de quelles manières il se manifeste au sein de divers Salons,
sur le marché de l’art ainsi que dans les cabinets privés. La
croissance du nombre de collectionneurs de dessins à partir de la
seconde moitié du XVIIIe siècle constitue l’une des principales
manifestations de la diffusion de ce goût. Nous avons ainsi cherché à
déterminer qui sont ces « nouveaux » collectionneurs, quelle
place est accordée au dessin au sein de leurs cabinets et quelles sont
les grandes tendances de leurs goûts. Ces nombreuses collections qui
apparaissent au cours du XVIIIe siècle réunissent plusieurs dizaines,
centaines, voire milliers de feuilles. Nous avons ainsi étudié les
méthodes de classement, de conservation et de présentation des dessins.
Aborder cette question des pratiques quotidiennes implique de
s’intéresser aussi aux nouvelles formes de sociabilité qui se
développent autour de ce dernier. À l’instar du cabinet de tableaux, la
collection de dessins devient au cours du XVIIIe siècle un espace de
rencontre, d’échange et de formation. De plus, le XVIIIe est aussi
marqué par l’essor du dessin en amateur, comme en témoignent les
nombreuses feuilles conservées aujourd’hui dans les plus grands musées
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