Cultures politiques quotidiennes…
Cultures Politiques Quotidiennes Europe du Nord-Ouest (XIIIe-XVe siècle)
Projet de soutien à l'internationalisation-UdL (2017-2018)
Porteur : Christopher Fletcher (IRHiS, CNRS)
Partenaires : Élodie Lecuppre-Desjardin, Gil Bartholeyns (IRHiS, UdL), Manuel Charpy (InVisu, CNRS)
Quelles étaient les idées politiques de la majorité de la population européenne à l’orée de l’époque moderne ? Quelles influences avaient-elles sur la vie politique à l’échelle d’un royaume ou d’une principauté ? Si la diffusion à l’échelle européenne de la pensée politique érudite est bien attestée entre le XIIIe et le XVe siècle (par le biais du droit romain et des traités scolastiques, par exemple), et si les historiens se sont récemment penchés sur la culture politique populaire à la fin du Moyen Âge (notamment lors des révoltes), il s’est avéré difficile de montrer l’influence soit de l’un soit de l’autre sur la pratique politique quotidienne et les politiques concrètes des états émergents de cette période. Les travaux historiques ont bien révélé de manière anecdotique qu’une telle interaction entre cultures érudites, cultures populaires et pratique politique a bien eu lieu, mais il a été jusqu’alors impossible d’explorer systématiquement la nature de cet échange, voire de comparer les manifestations diverses de ces phénomènes dans différents espaces européens.
Ce projet propose de réunir ces champs de recherches par le biais d’une étude comparative concentrée sur l’Europe du Nord-Ouest, mais qui ferait également intervenir des meilleurs spécialistes de la culture politique populaire partout en Europe. Il se base sur deux méthodes jusqu’alors difficile à appliquer à l’Europe de la fin du Moyen Âge : l’analyse informatisée du discours politique au niveau local et princier et l’analyse de la culture matérielle comme source d’idées politiques. Ces deux méthodes réunies permettront de présenter une nouvelle vision de la culture politique européenne, qui n’est pas seulement la création des élites, mais également celle du peuple.
Ce projet s’appuie à la fois sur les compétences mondialement reconnues de l’université de Lille-SS et de l’IRHiS (UMR 8529) dans l’histoire de l’Europe de Nord-Ouest, dans l’histoire urbaine et la culture matérielle et visuelle, ainsi que sur l’expertise du porteur du projet (C. Fletcher) dans l’application de l’analyse informatisé du discours médiéval.
Ayant fait l’objet d’une candidature à un appel « Consolidator Grant » de l’European Research Council (retenu pour l’entretien mais non pour la sélection finale) le soutien de l’université de Lille permettra de proposer ce projet dans une forme augmentée et améliorée à un appel Marie Curie ITN (International Training Networks), ANR PRCI (Projet de Recherche Collaborative International) ou ERC Advanced Grant. Il permettrait également de développer une collaboration appuyée avec l’université de Lille-Sciences et Technologies (CRIStAL–UMR 9189). Nous chercherons également à développer des collaborations en matière de linguistique de corpus et d’analyse de textes médiévaux avec les laboratoires CECILLE et ALITHILA de Lille-SHS.
I. La validation et développement d’un projet ERC par un réseau international
Le soutien de l’université de Lille « Internationalisation » permettra d’organiser trois rencontres visant à développer cette candidature européenne. Ils s’organiseront autour de trois thématiques distincts : « Pratiques politiques quotidiennes » (sept. 2017), « Images politiques quotidiennes » (mars/avril 2018) et « Langues politiques quotidiennes » (mars/avril 2019), dans la perspective d’un dépôt de candidatures aux fonds européens courant 2019.
Ces rencontres serviront à définir les priorités scientifiques du projet et de les situer dans l’état de l’art de la recherche sur la culture populaire (urbaine et rurale) et la culture politique, en Europe du Nord-Ouest et au-delà. Ils feront intervenir des chercheurs des universités britanniques, belges et allemandes avec lesquels le porteur du projet a déjà pris contact, notamment aux universités de Cambridge, Oxford, Birmingham, St Andrews et York (RU), d’Anvers, Gand, Louvain (KULeuven) et Bruxelles (VUB), et de Mainz, Bielefeld et Francfort. Ils feront intervenir à la fois des chercheurs expérimentés et des jeunes chercheurs (doctorants et docteurs récents).
II. Le développement d’une collaboration entre l’IRHiS (Lille-SHS) et CRIStAL (Lille-Sciences et Technologies)
Le porteur de projet a déjà travaillé sur l’application des outils du TAL en partenariat avec l’UPS 2259 (Cultures, Langues, Textes) du CNRS Villejuif. Le soutien de l’université de Lille permettra à la fois de développer cette méthodologie en le donnant une nouvelle dimension (base de données visuelle d’objets de la vie quotidienne) grâce à de nouvelles collaborations avec l’UMR CRIStAL (Lille-Sciences et Technologies).
III. De mener à bien une étude de faisabilité dans les archives municipales de Lille et de Mons, et de numériser des registres publiés des villes de Gand et de Coventry
Ce projet innove dans l’application des outils numériques à des documents et des objets longtemps considérés comme impossibles à analyser par ordinateur. Pour convaincre, il est nécessaire de faire preuve de faisabilité en menant à bien et en publiant des travaux préliminaires sur des objets qui seront considérés à plus grande échelle dans la candidature européenne. Le porteur du projet a déjà publié des résultats préliminaires sur des documents d’origine anglaise (voir références ci-dessous). Le soutien de l’université de Lille « Internationalisation » permettra de montrer l’efficacité de telles techniques appliqués à des registres de délibérations en langue française préservés à Lille et à Mons, et de faire des études plus approfondies des registres publiés en moyen néerlandais (Gand) et moyen anglais (Coventry), qui nécessitent un travail préalable de numérisation et d’étiquetage numérique. Il permettra également de mettre les premiers jalons d’une base de données d’objets trouvés, également étiquetées, en se basant d’abord sur les catégories d’objets définies par le site britannique Portable Antiquities Scheme.