Séminaire doctoral interdisciplinaire — "Archives d’empires, empires de papier"
SéminaireÉcole doctorale SHS – Université de Lille – site Pont-de-Bois
Séminaire doctoral interdisciplinaire Archives d’empires, empires de papier
Sous la responsabilité d'Isabelle SURUN, Béatrice TOUCHELAY (IRHiS)
Laboratoires IRHIS, CECILLE et GERIICO
Présentation : Les empires coloniaux ont produit de volumineux corpus d’archives dispersés entre de nombreuses institutions dépositaires, dans les anciennes métropoles et les anciennes colonies. La notion d’archive est entendue au sens large : documents archivistiques proprement dits, manuscrits ou dactylographiés (correspondance, rapports, registres, statistiques…), mais aussi images fixes ou animées (dessins, gravures, photographies, cartes postales, affiches, productions audiovisuelles), enregistrements sonores, cartes géographiques, presse et revues, ouvrages, mais aussi collections d’artefacts et de spécimens … Il peut s’agir de documents directement produits par les États impériaux et leurs institutions, par les organisations qui les accompagnent (compagnies commerciales, missions, institutions scientifiques) ou qui s’y opposent (mouvements nationalistes ou anticoloniaux), ou encore par des individus (colons, administrateurs coloniaux, habitants autochtones). Le séminaire aborde les corpus d’archive des empires coloniaux européens des périodes moderne et contemporaine, en Afrique, en Asie et aux Amériques.
Prendre l’archive pour objet, au-delà de son contenu documentaire, permet de s’interroger sur les processus qui président à la construction des corpus, à leur conservation, à leur circulation. Que nous disent l’archive et son cadre de classement sur le fonctionnement des empires, la circulation des informations entre colonies et métropole, le regard porté sur les populations colonisées, mais aussi sur les conditions de la collecte et du geste d’archivage ? La notion d’« empire de papier » renvoie au débat historiographique sur la nature des empires : omniscients et omnipotents à l’image du volume d’informations qu’ils ont accumulées sur les populations pour mieux les gouverner et les contrôler ? Ou au contraire structurellement incapables de connaître et de maîtriser les sociétés qu’ils prétendent gouverner et transformer, mais s’en donnant l’illusion par cette accumulation ? Ainsi, l’archive est-elle le signe du pouvoir ou le révélateur de ses failles ?
Dans un monde postcolonial, la situation matérielle des archives impériales et leur inégale répartition entre anciennes métropoles et anciennes colonies pose aussi la question d’un patrimoine partagé – ou à partager – par la numérisation ou le rapatriement, problématique dont se saisissent les nouvelles études archivistiques critiques.
Le séminaire proposé croise des questionnements propres aux historiens, aux spécialistes des aires culturelles et aux sciences de l’information et de la communication. Il envisage de poser à nouveaux frais, autour des archives d’empire, la question des relations entre savoir et pouvoir qui traverse les sciences sociales.
=> Programme
Séance 3 — Jeudi 22 mai 2025 (10h-13h – 14h30-17h30 – horaires à confirmer), Maison de la Recherche, salle F0.13
Archives des mobilités et des migrations impériales
Matinée
Les catégories de la migration dans les archives impériales
- Léa Renard, Université d’Heidelberg, Centre Marc Bloch : « Socio-histoire de l'observation statistique de l'altérité : Principes de classification coloniale, nationale et migratoire en France et en Allemagne (1880-2010) » (en visio-conférence).
- Laura Auriole, doctorante IRHiS, La catégorie d’indésirable dans les colonies françaises d’Afrique.
Après-midi
Archives d’Algériens en France : Autour des livres de Mathias Gardet, Nous sommes venus en France. Voix de jeunes Algériens, 1945-1963, Anamosa, 2024 et d’Emmanuel Blanchard, Des colonisés ingouvernables. Adresses d'Algériens aux autorités françaises (Akbou, Paris, 1919-1940), Presses de Sciences Po, 2024.
