Soutenance de thèse — Ivan Burel

Soutenance de thèse

vendredi 21 octobre 2022, 13h
Amphithéâtre Louise Michel, Sciences Po Lille, 9 rue Auguste Angellier, Lille

Soutenance d'Ivan Burel, De la Restauration au Printemps des Peuples, la contre-insurrection française (1815–1851)

Le jury sera composé de :
        M. Philippe Darriulat, IRHiS, ULille, Sciences Po Lille (directeur de thèse)
        M. Walter Bruyère-Ostells, Sciences Po Aix-en-Provence (examinateur)
        M. Quentin Deluermoz, Université de Paris Cité (président)
        Mme Mathilde Larrère, Paris Est Marne la Vallée (examinatrice)
        Mme Sylvie Aprile, Paris Nanterre (rapporteure)
        M. Aurélien Lignereux, Sciences Po Grenoble (rapporteur)

Résumé : Cette thèse a pour objet d'études les théories, stratégies et tactiques contre-insurrectionnelles françaises au premier XIXe siècle, du lendemain de la bataille de Waterloo à la veille du coup d'Etat du 2 décembre 1851. Ces évènements s'inscrivent dans le cadre de la guerre, que nous étudions au croisement de l'histoire militaire, politique et culturelle, et se manifestant sous deux formes. La guérilla montré son efficacité depuis la guerre de la péninsule ibérique de 1808, inspirant des générations de militants qui souhaitent répéter ce conflit, sans pour autant y parvenir. Dépassant le stade théorique, l'armée française s'y confronte sur plusieurs décennies, en Algérie, à partir de 1830. La guerre des rues prend également une place inédite dans le champ politique et stratégique de l'Europe de l'Ouest, car un combat malheureux pour les autorités peut en effet amener à la chute du régime. Ces deux types d'affrontement amènent ainsi les autorités à combattre un adversaire dérogeant aux cadres de la guerre dite "régulière." Barricadier, combattant tribal d'Afrique du Nord ou guérillero conduisent à repenser les rôles du soldat, à devoir livrer bataille jusque dans les rues de la capitale et à brouiller les frontières entre le combattant et le civil. Sujet centré sur la métropole française, l'importance accordée aux circulations amène cependant à élargir le champ d'études, pour traiter d'une part les échanges entre l'Algérie et l'Europe mais aussi entre la France et ses voisins européens. Des échanges qui se manifestent par une circulation d'acteurs, d'idées, de représentations de l'adversaire, créant un continuum contre-insurrectionnel entre la France, ses voisins, et sa conquête africaine. La place des acteurs militaires, politiques et policiers y est primordiale, toutefois, le rôle des journalistes, écrivains et des simples citoyens doit également être analysé dans l'élaboration et la poursuite de ces stratégies de contre-insurrection. Le combat idéologique, devant nier à l'insurgé la qualité de soldat, et même de combattant ou d'adversaire politique respectable, est en effet mené de façon constante, et accompagne les affrontements menés les armes à la main. Le regard porté envers cet ennemi n'est pas sans conséquence sur les mesures déployées pour y faire face. Enfin, dans cette guerre irrégulière, la distinction entre un civil combattant et un civil passif, spectateur des évènements est diversement assumée par les forces armées. Les civils non-combattants sont dès lors des cibles, et de diverses manières. Entre les razzias de Kabylie et les canonnades à mitraille du quartier Saint-Antoine, les populations ont à subir les conséquences de la volonté des soldats et gouvernants d'"en finir." Toutefois, il serait réducteur de n'y trouver que des victimes, car une stratégie des "coeurs et esprits" fait d'eux des potentiels ralliés: il faut à la fois les couper des "subversifs" et s'assurer de leur coopération, ou du moins de leur non-participation aux entreprises adverses. De plus, nombre de civils sont aussi des acteurs à part entière de ce conflit, et jouent un rôle essentiel également dans les rangs de la contre-insurrection. Forces paramilitaires enrôlées brièvement, indicateurs, soutiens logistiques, ou participants au combat intellectuel accompagnant la lutte armée, la contribution des civils à la guerre irrégulière est protéiforme. De même, le scrutin universel masculin devient, à compter de 1848, une arme majeure de la répression: aux quelques milliers de barricadiers, les conservateurs répondent en se réclamant des millions de voix d'électeurs ayant soutenu leurs candidats, aux élections. L'élection sert de prolongement à la destruction de la barricade, la victoire est au bout du fusil, et du bulletin de vote.


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