Soutenance de thèse — "Le corps et la voix dans les grèves des mineurs d'Anzin, 1833-1880"

Soutenance de thèse

mercredi 6 septembre à 14h00 
salle F 0.15 de la Maison de la recherche, Campus Pont de Bois, Villeneuve-d'Ascq)

Soutenance d'Adrien Quièvre, Le corps et la voix dans les grèves des mineurs d'Anzin, 1833-1880

Le jury est composé de
         Béatrice Touchelay, Professeure, IRHiS, Université de Lille, directrice de thèse
         Vincent Tiffon, Professeur, Université d’Aix-Marseille Université, co-directeur de thèse
         Marion Fontaine, Professeure, Centre d’histoire de Sciences Po
         Céline Hervet, Maîtresse de conférences, Université de Picardie Jules Verne
         Karine Le Bail, Chargée de recherche au CNRS 
         Judith Rainhorn, Professeure, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 
         Carlotta Sorba, Professeure, Université de Padoue
         Mélanie Traversier, Professeure, IRHiS, Université de Lille 

Résumé : Cette thèse, située au croisement des études sonores et de l'histoire sociale, propose d'analyser le rôle du corps, du son et de la voix dans les grèves des mineurs de la Compagnie des mines d’Anzin dans le Nord de la France, entre 1833 et 1880. Il s’agit plus précisément, dans une démarche de micro-histoire sonore et sensible, de restituer et d’analyser l’ensemble des gestes, des paroles, des sons, des bruits, des musiques et des silences par lesquels les ouvriers et les ouvrières d’Anzin mènent leurs luttes. Ce travail entend ainsi nuancer les recherches menées depuis les années 1970 sur les grèves de mineurs survenues en France avant l’avénement des syndicats, présentées par l’histoire sociale comme des révoltes confuses, désorganisées, sauvages, violentes et assourdissantes.
Depuis l’étude rapprochée des sources d’époque (policières, judiciaires, patronales et journalistiques), la thèse met en lumière la diversité des pratiques sonores, vocales et gestuelles des ouvriers en situation de grève comme par exemple : les cortèges arpentant le territoire pour diffuser l’arrêt du travail et propager les revendications, les chansons et les musiques, les passages de nuit dans les quartiers ouvriers pour réveiller leurs habitants et les engager à la grève, les réunions grévistes tenues en secret pour échapper à la surveillance des autorités patronales et policières, les communications codées pour préparer ou prolonger discrètement la grève, les dispersions silencieuses des groupes grévistes dans le but d'échapper aux barrages de gendarmes ou de troupes, les modalités d’opposition, de négociation et d’échanges avec les autorités.
La thèse montre que ces différentes pratiques sonores, vocales et gestuelles jouent un rôle central durant les grèves en permettant le déclenchement, la diffusion et le maintien des conflits par la communication et la coopération des ouvriers grévistes. Ce travail défend ainsi l’idée que les paroles, les chants, les sons, les bruits et les gestes des ouvriers grévistes d’Anzin au XIXe siècle témoignent d’une rationalité des pratiques collectives contestataires. 


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