Soutenance de thèse — Omer NDANGANG NGONGANG
Soutenance de thèse19 juin 2025 à 13h30
Salle des Actes, Institut Catholique de Paris, 74 rue de Vaugirard, 75006 Paris
Soutenance d'Omer NDANGANG NGONGANG, L'axiologie scientifique chez Larry Laudan (1941-2022) : Une étude critique en histoire et philosophie des sciences
Le jury est composé de
M. Gilles Denis (IRHiS, ULille), directeur de thèse
M. Pierre Uzan (Institut Catholique de Paris), Co-directeur de thèse
Mme Catherine Allamel-Raffin (UStrasbourg)
M. David Aubin (Sorbonne Université)
M. Thomas Boyer-Kassem (UPoitiers)
Mme Olivia Chevalier (Institut Mines-Telecom)
M. Alexandre Guay (Institut Supérieur de philosophie, UCLouvain)
M. Edouard Mehl (UStrasbourg)
Résumé : Cette recherche, située à l’intersection de l’épistémologie, de l’histoire et de la philosophie des sciences, explore l’axiologie scientifique à travers le prisme des idées de Larry Laudan (1941-2022). Si son corpus, dense et diversifié, a suscité un intérêt marqué surtout dans les milieux anglo-saxons et latino-américains, il a, jusqu’ici, moins retenu l’attention dans les sphères francophones, notamment en France, à l’exception de quelques études disponibles qui requièrent parfois un éclairage plus détaillé. Plusieurs travaux ont largement contribué à faire connaître les idées de Laudan sur la méthodologie scientifique, en particulier ses recommandations relatives à la pratique scientifique, et ses apports en philosophie des sciences. En revanche, son historiographie, tout comme sa théorie axiologique sont encore peu documentées. L’état actuel des recherches révèle dès lors un déséquilibre dans son axiologie scientifique qu’il nous semble judicieux de questionner. Ce travail aspire principalement à un rééquilibrage, en démontrant que, bien que les considérations cognitives – relatives à la justification des théories scientifiques – soient essentielles pour saisir la dynamique axiologique, telle que l’expose Laudan, elles ne suffisent pas à elles seules pour fournir une compréhension complète de la science, surtout au regard de sa configuration et des défis actuels. Divers thèmes jusqu’à présent peu explorés par les commentateurs de Laudan, sont examinés. Nous analysons d’abord le contexte dans lequel il s’inscrit en histoire et en philosophie des sciences, mettant en lumière l’impact de son parcours, du « tournant historique » et de sa conception du progrès sur sa réflexion. La théorie axiologique de Laudan, qui s’attache à redéfinir les cadres de la justification scientifique, est ensuite scrutée et son rejet du « modèle hiérarchique » traditionnel est mis en relief. Alors qu’elle permet d’examiner sa relecture des contextes de découverte et de justification, ainsi que sa critique des conceptions classiques du consensus et du désaccord scientifique, cette section offre une étude approfondie des fondements et des implications au «modèle réticulaire », conçu comme un réseau de rationalité scientifique. Elle amorce une discussion sur l’orientation cognitiviste de son axiologie dans le débat sur les objectifs de la science. Un autre volet important de cette étude s’intéresse à l’examen de l’historiographie de Laudan sur les débats entourant l’éther aux XVIIIe et XIXe siècles. Une confrontation avec d’autres approches historiographiques révèle que, outre les valeurs cognitives mises en avant par Laudan, les valeurs non-cognitives ont joué un rôle tout aussi significatif dans l’évolution des théories scientifiques. Enfin, en nous appuyant sur les critiques adressées à la théorie axiologique de Laudan et sur des aspects de la discussion autour des relations entre science et valeurs, nous réévaluons quelques enjeux soulevés, y compris les distinctions entre valeurs cognitives et non-cognitives, le risque inductif et la socialisation de la recherche biomédicale. C’est seulement ensuite que nous envisageons comment cette réévaluation affine notre propre « approche axiologique par complémentarité » (AAC), en la différenciant des approches existantes par confrontation ou par intégration. Il s’agit d’un cadre critique où les valeurs – qu’elles soient cognitives/épistémiques ou non-cognitives/non-épistémiques – sont articulées de manière rigoureuse, transparente, et appropriée, renforçant notre compréhension des façons de penser et de pratiquer la science dans un monde en transformation.
