Soutenance de thèse — Clara Kalogerakis
Soutenance de thèse19 novembre 2025 à 14h
Salle F.044, Maison de la Recherche - Université de Lille, Campus du Pont-de-Bois, Villeneuve d'Ascq
Soutenance de Clara Kalogerakis, Des trésors animés et abîmés : les infantes d'Espagne sur la scène matrimoniale internationale (fin du Moyen Âge-1ère moitié du XVIe siècle)
Le jury est composé de
Élodie Lecuppre-Desjardin, directrice de thèse (IRHiS, ULille)
Angela Munoz-Fernandez, co-directrice de thèse (Université de Castilla La Mancha, Cuidad Real)
Éric Bousmar (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles)
Marjorie Meiss (IRHiS, ULille)
Stéphane Pequignot (EPHE-PSL, Paris)
Ana Maria Seabra de Almeida Rogrigues (ULisbonne, Porgugal)
Résumé : Cette thèse explore les mariages diplomatiques des infantes castillanes et aragonaises, filles d’Isabelle la Catholique et de Jeanne de Castille, entre la fin du XVe et le premier tiers du XVIe siècle. Loin de réduire ces princesses à de simples instruments d’alliance ou à des figures tragiques, l’étude interroge leur agentivité dans un contexte européen en transition, entre Moyen Âge et Première Modernité. Elle propose une relecture des trajectoires de ces femmes, Trastamare et Habsbourg, à travers leurs déplacements, intégrations conjugales, usages de la maternité et stratégies de pouvoir au sein des cours d’accueil. En mobilisant une méthodologie comparatiste, genrée et diachronique, il a été possible de déconstruire les visions réductrices et les silences historiographiques. Les infantes ont joué un rôle actif dans les recompositions politiques de l’Europe, via des réseaux de sociabilité et des actions. Ces femmes furent des médiatrices culturelles, politiques et religieuses, contribuant à la construction d’un pouvoir féminin spécifique, en pleine innovation et mutation au moment des guerres d’Italie, l’ascension des empires et l’arrivée de la réforme. L’analyse croise des sources diplomatiques, iconographiques, littéraires et matérielles pour dévoiler la richesse de ces parcours. Elle met en évidence l’importance symbolique des rituels nuptiaux et des entrées princières comme mises en scène du pouvoir, et éclaire la portée politique des unions dynastiques. En définitive, cette thèse renouvelle en profondeur l’histoire des alliances européennes en y insérant pleinement les figures féminines, tout en s’inscrivant dans les courants du Queenship Studies et de l’histoire globale. Les infantes apparaissent ainsi non comme des victimes ou des héroïnes, mais comme des actrices complexes de la construction des États modernes et de l’Europe des couronnes.